À l’occasion du vingtième anniversaire de la création de l’Orchestre de Chambre de la Gironde et du Festival de Gensac, en 2007, un livret intitulé “Festival de Gensac, 20 ans de musique” avait été édité, décrivant ce que furent ces vingt premières années.
Les pages 9 et 10 de ce livret retraçaient les circonstances de la création de l’Orchestre et l’Histoire du Festival et nous ne pouvions mieux faire que d’en reproduire le texte, in extenso :
“Si le concert inaugural du 1er festival eut lieu à Gensac le 10 juillet 1988, c’est bien un an auparavant qu’il faut en chercher l’origine.
C’était en juillet 1987, par une magnifique journée d’été. Invité par le syndicat d’initiative, le tout jeune Orchestre de Chambre de la Gironde, que venait de créer Jean-Claude Riebel pour accompagner la chorale Pro Musica, vint donner son premier programme de musique de chambre en l’église Notre Dame de Gensac. Avec la complicité de quelques viticulteurs, les organisateurs avaient pris soin de prévoir une réunion amicale autant que conviviale pour clôturer agréablement la soirée. Et c’est là, dans l’euphorie des émotions ressenties et partagées, tant musicales que gustatives, que naquit spontanément dans l’esprit de quelques amis mélomanes très motivés, le désir de renouveler et de pérenniser de tels moments privilégiés.
Il est certain que cette idée ne leur serait pas venue, si le concert ne leur avait plu, si le vin avait été médiocre ou le temps à la pluie, rendant impossible ce contact essentiel des musiciens avec le public. Ils n’auraient pas non plus osé envisager pareille aventure dans ce village où il n’y avait jamais eu de concert, si le public avait été clairsemé et froid son accueil. Mais le succès inespéré de ce premier concert fut déterminant.
Ce succès, nous le devons en grande partie à l’initiative et au talent du claveciniste Christopher Hainsworth, qui, depuis quelques années, organisait des petits concerts privés, très appréciés, chez les Devilder. C’est ce groupe d’amis mélomanes habitués de “l’heure musicale du château de Gensac”, comme il l’avait pompeusement intitulée, qui constitua une bonne partie du public de ce premier concert qui fut le 1er prélude d’un festival bien tempéré.
La machine était lancée. Une association fut créée autour d’une équipe de mordus. Il y eut le 1er festival, suivi du 2e… et de tous les autres.
Il fallait un nom, ce fut “Juillet en Concerto” pour illustrer l’idée généreuse de Jean-Claude Riebel d’offrir au talent de jeunes solistes l’écrin d’un orchestre. En 1998, il devint “Eté en Concerto”, le festival étant dorénavant présenté en août.
Ce ne fut pas toujours un long fleuve tranquille, certes non. Tout faillit même capoter en 1991, lors du départ du chef fondateur, laissant l’orchestre sans direction. Pas d’orchestre, partant plus de Festival. La belle aventure devait s’arrêter là. C’était sans compter sur la muse Euterpe à moins que ce ne fut Sainte Cécile qui souffla à Richard Rimbert inspiré, de conseiller à la Présidente de l’Association, qui, désemparée, ne savait vers qui se tourner, de lancer un SOS auprès de Jean-Sébastien Béreau, responsable de la classe de direction d’orchestre du Conservatoire de Paris.
Ce qui fut fait, avouons-le, sans y croire. C’était à tort, car cet homme exceptionnel fut la providence de l’orchestre. IL nous proposa la collaboration de son meilleur poulain (sic) en l’occurrence un jeune chef californien nommé Scott Sandmeier, qui avait déjà travaillé avec les plus grands. Celui-ci eut le courage d’accepter le défi malgré la présentation, peu flatteuse mais prudente, que fit de l’orchestre la présidente un peu dépassée (sic), qui n’aurait osé prétendre à tant de compétence.
C’est ainsi que fut miraculeusement sauvé le 4e Festival, avec ses six concerts, ainsi que les que les quatre autres prestations, hors festival, programmées au cours de l’automne.
Avec Scott, l’orchestre prit une autre dimension. Son expérience, sa rigueur, son sens pédagogique et l’estime où le tiennent les musiciens, ont fait de l’OCG, d’année en année, une formation qui s’imposa dans le paysage musical girondin faisant du Festival de Gensac, un évènement reconnu et très attendu des manifestations de l’été
Depuis, les festivals se succèdent, chacun d’eux étant un miracle auquel on n’ose croire, les contraintes financières étant les plus lourdes à surmonter, malgré le public et le soutien des institutions. Mais la foi soulève les montagnes, dit-on. Si cela est vrai, si la foi demeure et si la montagne ne devient pas l’Everest, l’histoire du festival aura bien d’autres épisodes.”
La foi étant demeurée et la montagne n’étant pas devenue l’Everest, dix épisodes supplémentaires ont été écrits depuis et à l’occasion du trentième anniversaire du Festival et de la création de l’Orchestre de Chambre de la Gironde, un nouveau livret qui s’intitulait “Festival de Gensac – 30e anniversaire” a poursuivi la narration de l’histoire en ces termes :
“Nous voici dix ans plus tard et le festival de Gensac se porte bien. Certes au cours de ces trois décennies, le paysage de l’Orchestre a un peu changé : non pas le chef (Scott est toujours plus présent que jamais), mais, pourrait-on dire, le périmètre. L’Orchestre de Chambre de la Gironde, encouragé par le soutien sans faille du Conseil Départemental, de la Communauté de Communes de Castillon-Pujols et de la commune de Gensac, se produit essentiellement dans le cadre des Scènes d’été en Gironde et autour de Gensac et on ne l’entend plus guère (mais rien n’est figé), comme ce fut la cas autrefois, en Dordogne, à Saintes, autour du Bassin d’Arcachon, à Béziers ou… à Munich ! Mais le festival d’été de Gensac à pris dans le paysage musical girondin une place éminente.
Sa qualité d’ailleurs a très vite été reconnue par le Conseil Général (aujourd’hui Conseil Départemental) de la Gironde, qui a intégré le festival dès la seconde année, en 1989, dans la programmation des animations culturelles et musicales qu’il organise et soutient chaque année (l’Été Girondin, devenu Scènes d’Été en gironde en 2002). Il attire un public fidèle, ainsi qu’un nouveau public, au point qu’en 2016 il a fallu, pour la première fois, renoncer à faire entrer quelques dizaines de personnes au grand concert de Gensac.
Il faut noter, par ailleurs, qu’au cours de ces dernières années, les concerts du festival se sont portés également un peu plus loin, vers le Brannais, avec un égal bonheur.
Sans originalité, la conclusion sera la même qu’en 2007 : l’histoire du Festival et l’histoire de l’Orchestre de Chambre de la Girond connaîtront bien d’autre épisodes… à nous de les écrire.”
Alors nous avons écrit six épisodes supplémentaires au total de cette merveilleuse histoire et le festival s’est poursuivi y compris pendant la période Covid, en format réduit, avec masques, gel hydro-alcoolique et jauges limitées… sans aucun doute, la foi qui soulève les montagnes demeure intacte, en espérant que, chez nous, la montagne ne tangente pas l’Everest !
Et puis, comment ne pas évoquer, ce que les pages précédentes ont quelque peu négligé, la fidélité de nos musiciens et la joie qu’ils ressentent en se retrouvant, chaque année aux alentours du 25/26 juillet.
Nombre de ceux qui ont participé à la dernière édition du festival, en juillet/août 2023, ont dix ans ou plus de participation à leur actif et, à l’issue du dernier concert et du repas amical de clôture que nous organisons chaque année, tous, anciens et nouveaux, se donnent rendez-vous à la prochaine édition
Oui, que la fête toujours renouvelée que constitue NOTRE festival et le bonheur infini qu’elle procure à tous, musiciens et leur chef, public, organisateurs perdurent et rendez-vous pour un grandiose Quarantième Anniversaire !
